Benjamin Haué
Ostéopathe
Secrétariat : 02 47 74 10 34
Prise de rendez-vous PAR INTERNET
2 rue François Mitterrand
37520 La Riche

Guide d'urgence : que faire en cas d'entorse

Benjamin Haué le 8 mars 2016, mise à jour le 26/03/2016

L'entorse

Entorse de chevilleUn geste brusque qui tire sur l'articulation de la cheville et c'est l'entorse : on ressent une forte douleur, un ligament (en général le ligament latéral externe) est partiellement déchiré et saigne. Le sang gonfle et fonce le tissu, ce qu'on appelle un hématome.

La présence de sang dans les tissus, anormale, est fortement inflammatoire et va provoquer un gonflement secondaire dans les heures qui suivent le choc. Dans les cas bénins, le ligament est étiré sans que les vaisseaux sanguins ne rompent. Un gonflement (ou œdème) peut se former dans les heures qui suivent, sans teinte violacée ni les éléments inflammatoires du sang présents dans l'hématome.

Rapidement : appliquer du froid

Dans la majorité des cas d'entorse, il n'y a pas de complication; le froid apporte une bonne amélioration [1] [2], surtout quand on commence le traitement moins de 24h après le traumatisme. L'application de glace au niveau du ligament abimé permet de limiter le gonflement. Le froid semble un facteur positif même pendant l'hémorragie (gonflement rapide cyanosé initial), et ce malgré un possible ralentissement de la coagulation : le froid protège les cellules et limite fortement l'inflammation ultérieure. [3] [4] [5]

En l'absence de complication, le plus urgent est de trouver un moyen de refroidir la cheville pendant 20 à 30 minutes. À domicile le plus simple est d'appliquer une poche glacée sur la blessure, avec un linge pour protéger la peau. Poche de gel Des poches de gel réutilisables sont vendues en pharmacie, et peuvent être laissées en permanence dans le congélateur pour le jour où elles seront utiles. Elles sont souples et peuvent ainsi facilement s'appliquer sur la zone ciblée. À défaut, n'importe quel sachet de surgelé peut faire l'affaire, les sac de petits pois, souple, sont également efficaces. Rappel : un produit décongelé puis recongelé est impropre à la consommation.

Toute autre source de froid peut fonctionner, un ruisseau de montagne, sac de glaçons ...

Inversement, il faudra éviter toute application de chaleur dans les 24h. Une douche chaude prolongée augmentera rapidement l'inflammation.

Suite du traitement

Tant que la cheville reste œdémateuse, l'application de froid apporte une réduction de l'inflammation et de la douleur. Une poche peut être appliquée plusieurs fois par jour jusqu'à 5 jours. Dans les cas bénins ce traitement remplace la prise de médicaments.

En cas de gonflement important, une légère compression (bandage) peut être associée à l'élévation du pied pendant les période de repos, qui facilitera grâce à la gravité la réduction de l'œdème.

Toujours en l'absence de complication, il n'y a pas lieu d'immobiliser, le traitement fonctionnel amène un récupération plus rapide à un coût moindre [1]. Il est possible de protéger la cheville à l'aide de contention souple (bandes, chevillère souple ou semi rigide en cas d'entorse sévère [6].

Lors de la marche, le ligament externe de cheville n'est pas mis en tension [7]. Contrairement à l'idée reçue, la douleur à la marche suite au traumatisme n'est pas due à une mise en tension des fibres abimées du ligament ! La douleur est généralement causée par des contractures musculaires consécutives au traumatisme initial qui peuvent s'installer immédiatement ou quelques jours après le choc. Le muscle peut revenir tout seul à la normale ou rester en contracture. Un tonus musculaire inadapté modifie le fonctionnement du pied et de la cheville, les forces indadaptées lors de la marche peuvent alors être la cause de douleur sans que le ligament ne soit sollicité. Un traitement ostéopathique efficace permet de rapidement régulariser le tonus musculaire, réduire la douleur et redonner une partie de la souplesse manquante.

Une douleur directement liée aux dommages du ligament peut éventuellement exister en cas de gonflement très important, qui provoque un étirement excessif à chaque pas.

Complications

radio latérale de cheville En cas de forte douleur associé à une sensation de cassure et à une impossibilité de marcher au moins quatre pas consécutifs dans la minute qui suit le traumatisme, il est conseillé d'aller aux urgences qui effectueront des palpations de contrôle du pieds et de la cheville. L'examen permet de décider si des clichés radiographiques sont nécessaire ou non [8] [9]. Si une fracture est décelée, le traitement sera principalement une contention dure (résine, plâtre). En l'absence de fracture, le recours à la chirurgie est exceptionnel et dans des cas bien particuliers. Le ligament pouvant être reconstruit longtemps après l'entorse, elle n'est pas à envisager en urgence [1].

Si le froid ne limite pas suffisamment la douleur (ex : réveil la nuit), les anti-inflammatoires peuvent eu aussi agir contre l'inflammation et la la douleur, mais ne sont pas conseillés en auto-médication par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Le protocole médical préconise dans ce cas de consulter le médecin généraliste.

Enfin, après le traitement ostéopathique et en cas de distension importante du ligament, il sera nécessaire de pratiquer une ré-éducation de la cheville avec un kinésithérapeute afin de remettre en phase les sensations (proprioception) transmises par la cheville et les réflexes de protection du corps pour éviter des récidives d'entorse.

Urgences générales à Tours

Adultes : Hôpital Trousseau
Moins de 15 ans et 3 mois : Hôpital pédiatrique Gatien de Clocheville.

Références

[1] Polzer, Hans, Karl Georg Kanz, Wolf Christian Prall, Florian Haasters, Ben Ockert, Wolf Mutschler, et Stefan Grote. « Diagnosis and treatment of acute ankle injuries: development of an evidence-based algorithm ». Orthopedic Reviews 4, n° 1 (14 décembre 2011). doi:10.4081/or.2012.e5. [Pubmed]

[2] Hubbard, Tricia J., et Craig R. Denegar. « Does Cryotherapy Improve Outcomes With Soft Tissue Injury? » Journal of Athletic Training 39, no 3 (2004): 278-79. [Pubmed]

[3] Kheirbek, Tareq, Ashley R Kochanek, et Hasan B Alam. « Hypothermia in bleeding trauma: a friend or a foe? » Scandinavian Journal of Trauma, Resuscitation and Emergency Medicine 17 (23 décembre 2009): 65. doi:10.1186/1757-7241-17-65. [Pubmed]

[4] Polderman, Kees H. « Hypothermia and coagulation ». Critical Care 16, no Suppl 2 (2012): A20. doi:10.1186/cc11278. [Pubmed]

[5] Frink, Michael, Sascha Flohé, Martijn van Griensven, Philipp Mommsen, et Frank Hildebrand. « Facts and Fiction: The Impact of Hypothermia on Molecular Mechanisms following Major Challenge ». Mediators of Inflammation 2012 (2012). doi:10.1155/2012/762840. [Pubmed]

[6] Wilkerson, Gary B. « Biomechanical and Neuromuscular Effects of Ankle 6 and Bracing ». Journal of Athletic Training 37, n° 4 (2002): 436-45[Pubmed]

[7] Tochigi, Yuki, M. James Rudert, Annunziato Amendola, Thomas D. Brown, et Charles L. Saltzman. « Tensile Engagement of the Peri-Ankle Ligaments in Stance Phase ». Foot & ankle international / American Orthopaedic Foot and Ankle Society [and] Swiss Foot and Ankle Society 26, n° 12 (décembre 2005): 1067-73. [Pubmed]

[8] Stiell, I. G., G. H. Greenberg, R. D. McKnight, R. C. Nair, I. McDowell, et J. R. Worthington. « A Study to Develop Clinical Decision Rules for the Use of Radiography in Acute Ankle Injuries ». Annals of Emergency Medicine 21, n°4 (avril 1992): 384-90. [Pubmed]

[9]Stiell, I. G., R. D. McKnight, G. H. Greenberg, I. McDowell, R. C. Nair, G. A. Wells, C. Johns, et J. R. Worthington. « Implementation of the Ottawa Ankle Rules ». JAMA 271, no 11 (16 mars 1994): 827-32. [Pubmed]